Entre le thé empoisonné à la mode Poutine, les violences policières à l’américaine, les déchaînements de rue flambés au PSG, toutes ces tambouilles nous emportent la gueule… Malgré tout, prendre le temps de se rappeler que nous sommes des intrus qui errent dans les forêts du monde. En espérant que nous ne les détruirons pas toutes. Vingtième série des Tankas Covidiens.
A LIRE
La vague de vent
Bat le flanc de la forêt
Reflue vers les prés
Sol aux veines asséchées
Mutisme du ruisseau
Le soleil trébuche
L’abîme tend sa ténèbre
Naissance des gouffres
La meute des invisibles
T’encercle pour te jauger
Yeux de nuit
Dans les buissons d’épines
Comme un sort jeté
Tu es l’intrus maladroit
L’apprenti dans le silence
Tu cherches l’aveugle
Le guide des précipices
Qui seul voit le vide
Tenir sa main cœur battant
Et narine frémissante
Tu n’auras jamais
La grâce de la fougère
Bercée par la brise
Tu n’es qu’une brindille
Qui craque sous les sabots
Soumets-toi au vent
A la forêt rend hommage
Prends leçon des chênes
Tu fais rire les renards
Avec ta défroque humaine
Prends ta nudité
Sur ta peau laisse couler
L’huile du matin
Tissé d’herbe et de ciel
Tu deviens le monde
Le son de la cloche
Traverse les frondaisons
Gorgées de soleil
Par ce filtre ensauvagée
L’humaine oreille se dresse
Tapi partout l’ange
Dans les soies du sanglier
L’aboi du chevreuil
L’invisible se démasque
Il suffit d’un seul regard
La sève et le suc
Le mouvement et l’arrêt
L’éternel palpite
L’arrêt est en mouvement
Dans l’Un tout verse et s’inverse.
Jean-Noël Cuénod
A OUÏR
C’est tout simplement bouleversant, à lire comme à ouïr. Merci!