Retour à notre petite suite de tankas pour ce temps confiné. Un temps propice aux jeux de la poésie. Les formes d’origine japonais haïku (5-7-5 pieds) et tanka (5-7-5 puis 7-7 pieds) s’y prêtent particulièrement. Certains de mes correspondants sont partis à leur découverte. Sans quitter leur maison, voire leur chambre ou leur balcon s’il fait beau… Captez ces instants par les mots comme vous photographiez un paysage ou une scène avec votre portable. Parce qu’ils sont imaginés, les mots sont parfois plus imagés que les images !
A LIRE
Lever de soleil
Sur tes monts sur tes vallées
Ombre douce et rouge
Le camion des poubelles
A dissipé la magie
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Odeur de café
Le jour frise tes cheveux
Grincement des stores
Les rêves sont relégués
Dans le pouf à linge sale
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Lent balancement
De tes hanches serpentines
Marche inexorable
Sur le trottoir ébloui
En allant chercher du pain
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Danse avec l’averse
Tu passais entre les gouttes
Faisant fi des flaques
Gouttes de diamant
Sur ta chevelure
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A midi sonnant
Le soleil et les persiennes
Font de toi un zèbre
Mais en sortant dans la rue
Tu deviens antilope
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En pleine sieste
Les persiennes te percent
De leur ombre ardente
Le songe prend corps
Et ma main t’attend
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Ton ombre se meut
Sous la voûte des platanes
Ta jupe frémit
Mais le soleil te dissout
Laissant ton âme à la rue
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Le cosmos est vide
Je ne vois pas ton étoile
Et sur terre j’erre
J’attends dans le creux des heures
Le doux tic-tac de tes pas.
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Sur la peau ton souffle
Apaise revivifie
Douce guérison
Terre et ciel mélangés
Par tes mains de vent de vie
Jean-Noël Cuénod
A OUÏR