(Dogme ultralibéral en habit de fête, ère Thatcher-Reagan)
Le bras-de-fer qui oppose Athènes à l’Union européenne, au Fonds monétaire international et à ses créanciers, fait au moins un heureux, le parti nazi grec Aube Dorée. Constituant la troisième force politique du pays, il ne paraît guère amoindri par le procès intenté à plusieurs de ses dirigeants, accusés d’appartenance à une organisation criminelle.
Ce parti ouvertement nazi se tient donc prêt à rebondir sur le mécontentement populaire qui pourrait éclater si les actuelles négociations entre le gouvernement grec et ses créanciers internationaux aboutissent soit à un échec, soit à des concessions trop lourdes à supporter pour le peuple de ce pays.
Bruxelles et le FMI exigent de la Grèce qu’elle effectue de nouvelles coupes dans le budget social, diminue encore les salaires et, surtout, les pensions aux retraités. Le gouvernement de Tsipras a beau jeu de rejeter ces propositions qui «intensifieraient l’inégalité sociale et renverraient l’économie dans la spirale de la récession». De plus, les retraités et les salariés ont déjà été pressurés.
Si le but est de tuer le malade afin qu’il recouvre la santé, alors, en ce cas, l’Union européenne et le Fonds monétaire ont choisi la bonne solution. En fait, ils doivent bien se douter que si le premier ministre de Syriza (gauche radicale) acceptait de telles conditions, il perdrait tout crédit auprès de ses électeurs, ce qui risquerait de créer des troubles majeurs à l’intérieur de la Grèce et permettrait à Aube dorée de tirer les marrons (la couleur des SA !) d’un feu que Bruxelles aura attisé.
Dès lors, l’objectif plus ou moins caché de ces exigences irréalistes serait-il de pousser Athènes à sortir de la zone euro? Sans doute, les créanciers se disent qu’il vaut mieux faire un exemple avec la Grèce qui ne pèse pas lourd dans l’économie européenne, afin de faire réfléchir les autres pays en difficulté comme l’Espagne, voire l’Italie dont le poids est incommensurablement plus élevé. Mais cela n’irait pas sans risque pour l’Europe et ferait perdre des sommes considérables aux pays créanciers.
Quant à la Grèce, le retour à la drachme aurait pour conséquence de transformer son coma actuel en mort clinique, dans la mesure où ce pays ne pourrait pas juridiquement convertir sa dette publique dans sa nouvelle monnaie. La Grèce devrait continuer à payer sa dette en euros avec une drachme très dépréciée. Il en irait de même pour les dettes privées, avec tout ce que cela suppose en termes de faillites à la chaîne.
Dans ce cas de figure également, Aube Dorée aurait devant elle un boulevard pour semer les troubles sociaux et apparaître comme le seul recours, à l’instar de son modèle hitlérien.
Dès lors, plutôt que tenter de vider les poches déjà peu garnies des retraités grecs, les pays de la zone euro – mais aussi la Suisse, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis – feraient mieux d’entreprendre une chasse active aux milliardaires grecs pour qu’ils se soumettent enfin à leur devoir fiscal envers leur pays. Faire rentrer l’impôt en Grèce, voilà une réforme qu’elle est bonne, comme l’aurait dit Coluche (Ah, comme tu nous manques !)
Certes, mais elle souffre d’un défaut rédhibitoire: elle s’oppose à l’ultralibéralisme qui est le dogme intangible du capitalisme depuis l’ère Thatcher-Reagan. Autant cuire à la broche une vache sacrée en plein Bombay.
Jean-Noël Cuénod
Excellent !!! Enfin le courage de la vérité. Bravo Jean Noël. Je reviens d’Italie et la situation est dramatique, mais les clowns de l’austérité cachent bien les choses. Malheureusement un jour nous nous réveillerons et…ce sera trop tard !
A bientôt
Georges