Les chants de la forêt s’éteignent peu à peu
Sous les pas du chat les mousses se font complices
Et les chênes laissent tomber toutes leurs rides
Un monde de crimes muets va se lever
Sur la nuque l’haleine fauve de l’humus
Au ventre s’étripent la crainte le désir
Seul compte l’instant l’avenir n’est qu’un piège
Et le passé n’en finit pas de trépasser
Mue de vipère dissoute par les averses
Craque une branche sèche tout est suspendu
Générale mobilisation des sens
Bien exécuté l’acte calme les ombres
Honteuse gratitude envers les assassins
Bref soulagement les échines se détendent
Mais le répit se dissipe brouillard léger
Découvrant la nudité des peurs animales
Un pas de fourmi sépare la vie la mort
Respirer est un danger bouger un péril
Surtout ne pas penser ! Surtout ne pas penser !
Les ondes pourraient attirer l’attention
Et si des fauves s’abattaient sur nos épaules ?
Et si du ciel le feu noir brûlait nos âmes ?
Patience l’unique force qui nous reste
Le matin surgit entre les os des fayards
Les survivants lèvent la tête se regardent
Et la nuit venue tout recommencera
Jean-Noël Cuénod