Emmanuel Macron, une déception programmée

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Macron a élevé le vide bourratif au rang de philosophie politique, lors de sa conférence de presse de jeudi. Bourratif, car il a enfourné dans les oreilles médiatiques les mesures les plus hétéroclites, vide, car elles sont sans substances, puisqu’il appartient désormais au gouvernement de se dépatouiller pour leur donner corps. Jupiter, lui, s’en va bouder sur son Olympe.

Certes, le propos d’Emmanuel Macron n’avait pas pour objet de caresser les Gilets Jaunes dans le sens des bandes fluorescentes. Quoiqu’il dise, quoiqu’il fasse, il ne les satisfera pas. Leurs revendications sont trop contradictoires pour que des réponses puissent satisfaire l’ensemble des jaunistes. D’ailleurs promettrait-il le SMIG à 4000 euros que cela ne calmerait pas leur macronphobie. Pour le président, les Gilets Jaunes sont désormais des citoyens perdus, inutile de s’essouffler à courir derrière eux. 

Macron doit donc faire semblant d’avoir « écouté leur colère » mais il n’est pas question de changer de cap. Sept mois d’émeute hebdomadaire n’y feront rien. D’où la déception générale qui s’est dégagée de cette longue intervention.

Une déception pourtant programmée. Emmanuel Macron ne pouvait pas faire autre chose que de décevoir compte tenu de son rôle capital dans l’installation définitive et totale en France de l’hypercapitalisme financier, compte tenu aussi de son parcours personnel et de son tempérament autocratique, peut-être encore plus affirmé que celui du Général de Gaulle qui, lui, n’hésitait pas à s’effacer lorsqu’il sentait que les Français ne le suivaient plus.

Emmanuel Macron constate que la France a pris un retard considérable sur l’Europe de la Première Division (les pays germaniques et scandinaves) dans l’instauration à tous les niveaux de cet hypercapitalisme financier qui règle désormais la marche du monde. Dès lors, il veut faire évoluer son pays à marche forcée vers l’organisation ultralibérale de la société, comme l’avait fait Schröder en Allemagne mais à une époque où l’économie européenne se portait mieux qu’aujourd’hui. 

Le président français s’est rendu compte qu’il s’y est mal pris. Pas question de remettre en cause le fond de sa politique. Il faut donc changer la forme. Désormais, Macron en revient au principe fondamental de la Ve République : le président fixe le cap et le gouvernement se démerde. Voilà qui fait aux Français une belle jambe jaune !

La déception qui accueille son intervention lui sera-t-elle dommageable ? Ce n’est pas du tout certain. Le mouvement des Gilets Jaunes va se poursuivre et se radicaliser mais il est de moins en moins suivis par la majorité de la population. A droite, Wauquiez, Dupont-Gnangnan et Marine Le Pen continuent à s’entredévorer. A gauche, ses divers groupes tiennent absolument à ne pas persister dans leur être. Même si les Verts font un beau score aux élections européennes, cela n’empêchera pas Macron de poursuivre sa stratégie. Avec son premier ministre Edouard Philippe qui, chargé comme un mulet de l’infanterie de montagne suisse, aura bien du mérite à ne pas tomber de la falaise. On lui souhaite d’avoir le pied aussi sûr que notre mulet helvétique.

Jean-Noël Cuénod 

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